mardi 24 mars 2009

Le sursis sans jugement.





Le 21 Mars 2009 Par Benjamin "épicier-terroriste" sur Médiapart

Comme cela a déjà été souligné ailleurs, la chasse aux dits "anarcho-autonomes", nouvelle marotte des services de renseignement et du ministère de l'intérieur, n'a pas commencé le 11 novembre 2008, loin s'en faut. Dès Janvier 2008, la menace que faisait planer le service communication de MAM au gré de différents articles parus dans la presse (dès novembre 2007 dans le figaro), s'était abattue sur des personnes actives dans les luttes contre les centres de rétention administrative et pour une solidarité active avec les sans-papiers, les semaines suivantes n'avaient pas tardé à voir d'autres arrestations et le mise en branle du spectre anarcho-autonome. Deux de ces personne, relâchées après plusieurs mois de détention préventive, ont récemment été convoquées au motif d'une soit-disant violation des conditions de leur contrôle judiciaire, la première a s'y être rendue s'est vue ré-incarcérée immédiatement. La seconde a décidé de ne pas se présenter et de s'éclipser, refusant de se plier à cette nouvelle "saute d'humeur" des juges et du parquet. Le contrôle judiciaire indéfini qui s'abat de plus en plus sur des personnes actives contre les politiques gouvernementales vise manifestement à neutraliser un nombre croissant de gens, à les mettre sous surveillance rapprochée, et surtout à pouvoir faire peser la menace d'une ré-incarcération à la moindre incartate (sans autre justification que la violation du contrôle judiciaire).Voici la lettre envoyée par Yvan, après qu'il se soit soustrait à son contrôle.

Je me permet de relayer cet article paru sur différents sites d'information alternative.

http://juralibertaire.over-blog.com/article-29283983-6.html



Lettre de Yvan

Rappel des faits : Depuis janvier 2008, sept personnes sont mises en examen dans le cadre d’une instruction antiterroriste. Bruno, Ivan, Isa*, Farid*, Juan* (*surnoms) et Damien ont été successivement arrêté-e-s, mis-es en examen pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», réunie au sein d’un groupe inventé par la police : la MAAF (Mouvance anarcho-autonome francilienne). Certains d’entre eux sont accusés de «transport et détention de produits incendiaires ou explosifs», d’autres de «tentative de destruction de biens».

Bruno et Ivan ont fait quatre mois et demi de prison (en préventive de mi-janvier à début juin 2008).Farid a fait un peu plus de quatre mois de prison (en préventive également de mi-janvier à fin mai 2008). Tous trois ont été placés à leur sortie sous contrôle judiciaire. Bruno a décidé, début juillet 2008, de se soustraire à ce contrôle et est toujours en fuite. Isa, également incarcérée en janvier 2008, a été libérée sous contrôle judiciaire le 10 février 2009, plus d’un an après… Son frère, Juan, a été incarcéré en juin 2008. Il se trouve actuellement à la prison de Bois d’Arcy. Damien est emprisonné à Villepinte depuis le mois d’août 2008. Tous deux sont en préventive et aucune date de procès n’est fixée.

Aux camarades et amis,

J’étais convoqué mercredi avec la prison garantie à la fin de l’interrogatoire.

Je veux vous adresser quelques mots au moment où je suis contraint de disparaître, à chavirer le cours de ma vie, engluée au TGI de Paris.

C’est la veille du jour où je pensais voir mon contrôle judiciaire (CJ) descendre d’un cran, important, celui de l’assignation à résidence, que j’ai appris que des rapports de police bidonnés me signalaient à des manifs et rassemblements de solidarité avec Farid (surnom), réincarcéré depuis hier mercredi 11 à la Santé. Les procureurs voulaient nous voir enfermés tout comme la juge d’instruction qui nous avait promis la taule à la prochaine infraction de CJ. J’ai choisi de leur échapper.

Que dire de cet acharnement, sinon que le CJ au-delà de tenir à disposition de la Justice, leur permet de sanctionner bien au-delà des faits jusqu’à nos attitudes. Et les juges d’argumenter sur la base de commentaires psychanalysants d’une assistante sociale à la fonction de contrôle ainsi explicitée.

Que c’est de ne pas avoir renoncé à participer aux luttes qui nous traversent que la Justice se venge.

Qu’aussi, les juges antiterro cherchent à tout prix des éléments pour justifier que nous figurions, avec mes co-mis en examen, dans une même association de malfaiteurs malgré l’absence de faits à nous reprocher en commun, et faire exister la figure de l’«anarcho-autonome».

Et faire peser la menace d’une répression sans frein sur tous ceux qui se battent.

C’est avec autant de joie que de douleur que je me soustrais à la fois à leur décision et à la vie que je menais. Je ne compte pas me cacher trop longtemps, ni même trop me cacher.

À bientôt.





Retrouvez cet article sur:
Le blog de Benjamin "épicier-terroriste"

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