mercredi 22 décembre 2010

Arrestation et incarcération de Bruno





Paru sur Indymedia Nantes le 22 décembre 2010


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Lundi 20 décembre 2010, Bruno a été arrêté à Paris.

Il est mis en examen dans l’"affaire des fumigènes" depuis janvier 2008 sous enquête antiterroriste, accusé de « transport et détention de produits incendiaires ou explosifs », en l’occurrence des fumigènes, alors qu’il allait à une manifestation devant le Centre de Rétention de Vincennes (voir Mauvaises Intentions).

Il avait été incarcéré pendant 4 mois et demi début 2008, puis avait choisi de soustraire à son contrôle judiciaire depuis juillet 2008. Il était donc sous mandat d’arrêt.

Alors que l’instruction devait être close en cette fin 2010, il a été incarcéré ce mardi 21 décembre à la prison de Fresnes.

Plus d’infos bientôt.

Liberté pour tous !
La solidarité est une arme !

lundi 13 décembre 2010

LES AMIS DE LA COMMUNE DE TARNAC


Article paru le 10/12/10 sur Le Jura libertaire.




Tarnac, le 1er décembre 2010

Bonjour!

Nous ne vous écrivons pas, aujourd'hui, pour vous entretenir des obscurs dédales de procédure dans lesquels la justice s'attache à enfermer certains d'entre nous, et dont nous essayons encore de les sortir. Nous vous écrivons dans une perspective nettement plus joyeuse : ce que nous avons commencé à construire, depuis plusieurs années, sur le plateau de Millevaches.

Si nous nous sommes installés à Tarnac, c'est bien sûr pour la vieille tradition de résistance à l'autorité centrale, d'entraide populaire, de communisme rural qui y survivait. Notre idée n'a jamais été de nous y réfugier, mais au contraire de nous y regrouper pour y élaborer d'autres rapports sociaux, y rendre vivables d'autres rapports au monde que ceux qui dominent, et précisément dévastent le monde.

Nous imaginions des communes qui se répartissent les cultures élémentaires et se partagent lors de fêtes mémorables les récoltes selon leurs besoins, des garages collectifs, des camions sillonnant le plateau pour apporter à ceux qui ne peuvent se déplacer le ravitaillement nécessaire, des discussions de bar plus pointues qu'un séminaire à la fac, une laiterie commune qui fournirait à tous le lait à prix coûtant, bref : tout un territoire qui s'affranchit peu à peu du recours à l'argent, à la police, à l'Etat.

L'offensive policière qui nous a frappés visait, entre autres choses, à détruire l'expérience qui commence à prendre racine ici, à trancher les liens qui nous unissent et nous unissent aux autres habitants du plateau : isoler pour mieux anéantir. Non seulement l'opération n'a pas rencontré le succès escompté, mais elle a eu l'effet exactement inverse. La solidarité qui s'est exprimée ici a dépassé tout espoir raisonnable. Grâce au soutien de tant d'inconnus aux quatre coins de la France et du monde, grâce à votre soutien donc, nous avons pu traverser l'épreuve qui devait nous pulvériser. Ce plateau qu'il s'agissait de nettoyer de toute dissidence finit par l'attirer comme magnétiquement. Quant à nous, tout cela n'a fait que tremper un peu plus notre détermination, et nous attacher un peu plus fermement à réaliser nos perspectives initiales. Le bar - épicerie est toujours là. La ferme du Goutailloux voit paisiblement croître son troupeau et ses cultures communes. Une assemblée populaire a même vu le jour sur le plateau afin d'intervenir et d'appuyer le dernier mouvement contre la réforme des retraites; et elle est intervenue.

A présent, nous nous lançons dans l'installation d'une scierie et d'un atelier bois afin de construire des habitats à bas coût pour qui vient repeupler le plateau. A compter du printemps, nous voulons entreprendre de transformer le bâtiment principal du Goutailloux en grand lieu ouvert à l'organisation de toutes sortes de rencontres. Et dans le courant 2012, nous comptons faire l'acquisition d'un bâtiment dans le centre du bourg pour le transformer en maison de soin accessible à tous. Or, si nous disposons de stocks d'énergie et de bonne volonté, il nous manque 35 OOO € pour achever la scierie et l'atelier bois et 55 000 € pour la réfection du bâtiment principal de la ferme. Si nous voulons continuer à aller de l'avant, nous devons donc réunir d'ici fin janvier 90 000 €. Pour la maison de soin, qui réclamera 90 000 € supplémentaires, nous avons plus de temps. C'est un des paradoxes de l'époque qu'il faille de l'argent pour se doter des moyens de s'affranchir de l'argent. Or quelque chose nous dit que ce n'est pas l'Etat qui, dans les circonstances présentes, va nous soutenir dans cette louable direction. C'est pourquoi nous avons créé une structure qui permet à tous ceux qui souhaitent soutenir notre démarche de donner de l'argent et de déduire les deux tiers de leur don de leurs impôts.

Cette structure s'appelle « Les Amis de la Commune de Tarnac ». Il s'agit d'un fonds de dotation. Elle a vocation à recueillir et redistribuer des fonds à des initiatives vivifiantes pour le plateau. Nous vous écrivons pour vous demander de nous aider, dans la limite de vos possibilités, à continuer sur notre lancée et rendre au beau mot de partage un sens non dérisoire.


Des Amis de la Commune de Tarnac


NB : Ceci est un appel à l'aide financière parce que, dans la séparation régnante, donner de l'argent est bien souvent le mieux que l'on puisse faire pour témoigner de son attachement à ce qu'existe quelque chose à quoi nous n'avons pas le loisir de participer. Il va de soi que ceux qui disposent des savoir-faire, de la liberté ou simplement du désir de nous aider de leurs mains, par leur participation directe, sont les bienvenus. Ils savent où nous trouver.









+ voir aussi sur Les blog de Politis et sur Europe1




lundi 6 décembre 2010

"Mystérieuse explosion" à Chartres-de-Bretagne ...




Vue partielle et dégagée de la route Nantes-Rennes à Chartres-de-Bretagne.



... et la presse locale s'agite.

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Le Mensuel de Rennes
du 4 décembre 2010.



Des activistes de « l’ultra-gauche » soupçonnés d'avoir fait exploser une bombe à Chartres.

[par K.T. avec C.S. et X.T.]



Le 23 novembre, une explosion a retenti à Chartres. Des gendarmes ont laissé filer quatre personnes. Leur véhicule était pourtant surveillé par les services de renseignement, dans le cadre de la lutte anti-terroriste.

Mardi 23 novembre, vers 1 h du matin, à Chartres-de-Bretagne. Un témoin appelle le 17. Il vient d’entendre une déflagration et constate un début d’incendie. Les faits se déroulent non loin d’une grande ferme abandonnée, à 300 mètres environ des premières habitations, sur un terrain coincé entre la route de Nantes, un bassin de décantation, la nouvelle piscine et un transformateur ERDF. On y accède par un petit chemin à sens unique.

Surveillé par le Renseignement intérieur

Quelques minutes après l’appel, une patrouille de gendarmerie se présente sur place. Elle tombe nez à nez avec un véhicule utilitaire. A l’intérieur, quatre personnes : deux hommes et deux femmes, tous âgés d'une trentaine d'années. L’un des hommes présente des traces de brûlure. Notamment aux cheveux. Selon le récit fait au Mensuel, le contrôle "ne se déroule pas très bien". Les gendarmes n'arrivent à récolter que des identités orales. L'un des hommes dit qu'il vient de Paris, un autre du Canada. Sur ces déclarations, les gendarmes laissent repartir le quator, après avoir relevé l’immatriculation de l’utilitaire.

Surprise, quelques heures plus tard. Selon nos informations, il apparaît que le propriétaire du fourgon fait l'objet d'une surveillance de la Direction centrale du renseignement-intérieur (DCRI), le contre-terrorisme français. L’individu est soupçonné d'appartenir à la mouvance, dite « autonome violente », dénommée aussi « ultra-gauche » dans les milieux judiciaires. Il serait susceptible "d'être dangereux".

Tentative d'attentat ? Entraînement ? Accident ?

A l’heure où nous écrivons ces lignes, ces informations n’ont pas été confirmées de source officielle. L’histoire semble cependant faire les choux gras du monde judiciaire depuis la semaine dernière. Elle a également été racontée dans un article du Télégramme publié ce samedi.

Que s’est-il passé ? Une tentative d’attentat ? Un entraînement au maniement d’explosif qui aurait dérapé ? Un simple accident ? Difficile d’y voir clair pour l’instant. Lundi dernier en tout cas, selon les constations faites par Le Mensuel, il ne restait aucune trace d’explosion sur le site, éloigné de toute cible potentielle. Juste quelques preuves d'un squat (bière, feu, allumettes, tags). Et encore, impossible de savoir si elles sont récentes.

Voiture piégée devant les Douanes en 2007

« L’ultra-gauche » a été pointée du doigt par le ministère de l’Intérieur lors de l’affaire de Tarnac en 2008 (sabotage de voies ferrées). Depuis, l’affaire très médiatisée a tourné au fiasco judiciaire. Il n’empêche. Les services de sécurité français semblent garder un œil sur ce milieu diffus. En particulier à Rennes, où la direction régionale des Douanes a fait l’objet d’une tentative d’attentat, attribuée à cette mouvance, le 8 novembre 2007.

Deux hommes de 20 et 23 ans et une femme de 21 ans, fréquentant les milieux d'extrême gauche, à Rennes, et jouant les agitateurs à la fac de Toulouse-Mirail durant les grèves contre le LRU, ont, depuis, été interpellés à Toulouse et mis en examen pour « fabrication et détention d'engins explosifs » par un juge rennais.


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Le Télégramme (cité dans l'article précédent) du 4 décembre 2010.


Chartres-de-Bretagne (35). Mystérieuse explosion

[par Hervé Chambonnière]

Appelée pour une explosion proche d'un chantier à Chartres-de- Bretagne (35), une patrouille de gendarmerie alaissé filer quatre mystérieux individus dans une camionnette... fichée par les services de renseignement.

Il est près d'une heure du matin, dans la nuit du mardi 23 au mercredi 24 novembre derniers, quand l'explosion retentit. La scène se déroule près d'un chantier de construction de bureaux, proche de la quatre voies reliant Rennes à Nantes, sur la commune de Chartres-de-Bretagne. Alerté par un témoin, le Centre opérationnel de la gendarmerie dépêche une patrouille sur place. Celle-ci, dans un chemin de terre menant à une ferme abandonnée jouxtant le chantier, tombe nez à nez avec quatre individus, deux jeunes hommes et deux jeunes femmes, qui montent à bord d'un fourgon Mercedes. Deux d'entre eux portent des traces de brûlures. L'un semble même assez sérieusement touché à la tête. Mais le groupe refuse de se rendre à l'hôpital.

Fausses identités


Les militaires veulent alors contrôler l'identité des quatre personnes. Aucune ne dispose de papiers. Le ton monte. Le groupe finit par décliner ses identités. Contre touteattente, peut-être pressés par d'autres urgences, les gendarmes s'en contentent et laissent le groupe partir. Sans procéder à d'immédiates vérifications. Résultat : les identités sont fausses. Et la plaque d'immatriculation du véhicule révèle que la camionnette est fichée par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, ex-DST-RG) comme étant utilisée par des membres de la «mouvance anarcho-autonome». Cette fameuse «ultra-gauche» pointée du doigt par le ministère de l'Intérieur, il y a deux ans, à l'occasion de la retentissante affaire de Tarnac (sabotage de voies ferrées)... qui tourne depuis au fiasco judiciaire.


Sabotage?


Qu'est venu faire ce groupe de quatre personnes à Chartres-de-Bretagne?L'explosion,qui n'aurait provoqué aucun dégât matériel, semble avoir été provoquée par le sectionnement d'un gros câble électrique. Acte de sabotage? Répétition en vue d'une action ultérieure? Tentative de neutralisation d'un système d'alarme ou de l'éclairage public ? Quelle était la cible? Seule une poignée de bâtiments figure dans le proche périmètre de l'accident:une piscine-centre fitness et deux chantiers de construction de bureaux. L'une des sociétés implantées sur le site a-t-elle plus particulièrement retenu l'attention du groupe ? La plupart ont leur activité dans les secteurs des télécommunications, de l'électricité et de l'informatique. «A priori, rien de sensible ou rien qui puisse susciter l'intérêt de cambrioleurs», s'étonne un élu de Chartres-de-Bretagne, qui ignorait l'existence de cet incident.




vendredi 3 décembre 2010

Tarnac : l’engagement en procès





Article paru dans Libération du 2 décembre 2010 (spécial ..."Libé des philosophes" !) sur le procès de 3 participants à la manifestation du 31 janvier 2009.


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Procès . Hier [mercredi 1er décembre 2010], trois participants aux manifestations de soutien à Julien Coupat, en janvier 2009, ont été jugés à Paris.

Par PHILIPPE BUTTGEN, BARBARA CASSIN


«Vous avez tous les trois une forme de philosophie de l’engagement […]. Jusqu’où va votre philosophie de l’engagement ?» Les trois prévenus questionnés hier par une juge de la Xe chambre correctionnelle de Paris ont participé à la manifestation du 31 janvier 2009, à l’appel des comités de soutien aux inculpés de Tarnac. Agés de 25 à 32 ans, ils répondent de «violences en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique». Jets de bouteilles, tirs de fusées devant la prison de la Santé, cinq CRS blessés. Ils nient les faits.

«Symbolique». Ils ont été interpellés quand la manifestation se dispersait, sur le témoignage de trois policiers en civil, dont deux mêlés au cortège (le chef était trop vieux pour être pris pour un jeune). Qui était camouflé ? Tous, prévenus et policiers, portaient des masques blancs, percés aux yeux, avec «TERRORISTE» écrit dessus : «Symbolique», disent les prévenus, pour signifier que «n’importe qui aujourd’hui peut être terroriste».

Photos, vidéos : personne n’est reconnaissable au moment des tirs. Pourtant, malgré masques et capuches, les policiers infiltrés sont formels : c’est cette jeune fille-là, métisse à lunettes, c’est ce jeune homme-ci, mat aux cheveux bruns, qui entourent le grand qui lance la fusée. On ne retrouve pas le tube ? «Il a dû s’en débarrasser» : «Je m’étais éloigné par discrétion», dit le policier qui les filait… Le droit à manifester est un droit essentiel, proclament juges et procureure. «On ne parle pas de Jérôme [Julien, ndlr] Coupat ni de Tarnac aujourd’hui. Là, on est sur la manifestation du 31 janvier.» Mais, peu après : «Vous en saviez quoi, de cette affaire de Tarnac ?» Et y a-t-il eu des «violences policières» ? Il n’y en a pas eu, on le fera dire aux prévenus, plus d’une fois. Police irréprochable, même infiltrée.

Etape suivante : les prévenus doivent dire qu’ils condamnent, qu’ils regrettent. Question : «A quel moment est-ce que ça dérape et pourquoi ?»Réponse : «Je n’ai pas à répondre de violences que je n’ai pas commises.»La juge : «Soit on se sent solidaire, soit on quitte la manifestation.» Réponse : «Je suis solidaire des raisons quimotivent la manifestation.»Solidaire des motifs ou des violences ? «Vous n’avez participé à rien ?» - «A une manifestation, mais à aucune violence.» L’autre juge est philosophe : «Vous vous désolidarisez effectivement, au sens philosophique du terme ?» «Il m’est impossible d’entrer dans des considérations morales pour des faits que je n’ai pas commis», dira un prévenu. Et l’autre : «La prise de la Bastille, on m’a appris à l’école que c’était bien.»

«Bons». La procureure requiert huit mois avec sursis : «Il y a eu la prise de la Bastille, mais il y a eu aussi le Comité de salut public et les femmes tondues à la Libération.» La défense demande : «A-t-on attrapé les bons ?» On juge un délit de violence, pas un délit d’opinion : tous l’auront dit, mais si différemment. «Philosophie de l’engagement» ? Décision le 5 janvier.