vendredi 13 mai 2011

Enquête ouverte sur des écoutes sauvages







article paru sur Mediapart le 13/05/11
par Karl Laske


C'est un dossier que les juges antiterroristes n'ont pas osé ouvrir. Comme ils ont écarté la plupart des vérifications qui pouvaient embarrasser les policiers dans l'affaire de Tarnac. En mars 2008, un agent de France Télécom avait découvert et débranché un dispositif d'écoutes des lignes téléphoniques de l'épicerie du village, reprise quelques mois plus tôt par les militants.

Ces «branchements» avaient été repérés peu avant l'ouverture d'une enquête préliminaire sur le groupe de Tarnac, mais surtout plus de huit mois avant les sabotages des lignes TGV. Aucune écoute légale – administrative ou judiciaire – n'était en cours à l'époque. Une équipe parallèle était, semble-t-il, déjà au travail pour incriminer les militants.

Après avoir signalé, en vain, les faits aux juges antiterroristes, Benjamin Rosoux, le militant devenu épicier à Tarnac, a donc déposé plainte, le 5 février à Brive-la-Gaillarde, pour «interception de correspondances» et «atteinte à l'intimité de la vie privée». Cette fois, le parquet a ouvert une enquête, confiée au SRPJ de Limoges. Des premières auditions ont été effectuées fin avril.

Les témoins et les éléments matériels ne manquent pas pour remonter cette piste. Fin mars 2008, les gérants de l'épicerie s'aperçoivent d'une panne de leur terminal de carte bleue. Ils se tournent vers leur banque et l'agence France Télécom (FT) d'Ussel. Après avoir réalisé plusieurs essais, c'est le technicien envoyé par l'opérateur qui trouve un dispositif d'écoutes dans le central téléphonique du village. Le signal du terminal CB était perturbé par la «dérivation». L'agent prévient son chef d'équipe qui l'autorise à retirer le dispositif: un boîtier en plastique connecté à l'arrivée de la ligne par des fils jaunes et bleus.

Le paiement en carte bleue est rétabli à l'épicerie, mais les problèmes commencent pour les agents de FT. Le technicien et son chef d'équipe sont convoqués à Bordeaux. Et le directeur régional, lui-même, doit monter s'expliquer à Paris. Une procédure disciplinaire est engagée contre le technicien, non pas pour avoir débranché l'écoute, mais pour l'avoir fait devant l'un des gérants de l'épicerie, entré avec lui dans le local technique. Il écope d'une mise à pied assortie de quinze jours de suspension. La procédure disciplinaire multiplie par trois ou quatre le nombre de témoins aujourd'hui. Puisque les faits ont aussi été débattus devant la commission régionale de discipline, où le technicien était défendu par un délégué du personnel de la CFDT.

L'enquête dira si la dérivation bénéficiait de l'aval du service officiellement chargé du suivi des écoutes judiciaires et administratives chez France Télécom, installé à Montrouge. Contacté par les avocats des militants de Tarnac, l'opérateur avait prétendu qu'il ne disposait plus de l'historique de ses interventions techniques en 2008.





2 commentaires:

  1. Salut UHD

    Vu dans la plainte :
    "Évidemment, l’enquête préliminaire dans l’affaire de TARNAC n’ayant été ouverte que le 16 Avril 2008, à la date de ces interceptions, aucun fondement juridique ne pouvait justifier une quelconque écoute."

    Dans le PV de la SDAT de Médiapart : http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&cd=1&sqi=2&ved=0CB8QFjAA&url=http%3A%2F%2Ftrucadire.com%2Ffiles%2Fdocuments%2FPV-SDAT.pdf&rct=j&q=%20Le%20rapport%20anti-terroriste%20sur%20le%20comit%C3%A9%20invisible&ei=V_fTTZe0EIjKsgaE4_niAg&usg=AFQjCNHrQFpSliX9z9M2AOqR7oUM5U3UWQ&cad=rja
    on peut lire :
    "L'ensemble des investigations menées depuis le 16 avril 2007 sur le nommé Julien Coupat ont donc permis de mettre au jour les agissements d'un groupe d'activistes...bla bla bla."

    Quid des investigations faites depuis le 16 avril 2007 ? Etaient-elles "permises" ?

    amitiés

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